Chapitre 4 : Cabinets ministériels et préfectures

5 août 1919 : Adjoint au chef des services administratifs et financiers du ministère des régions libérées.
9 septembre 1919 : Il épouse à Roubaix (Nord) Flora Berthe Marie Willem, fille d’un filateur roubaisien, née le 8 septembre 1894 à Malo-les-Bains (Nord).
4 octobre 1919 : Chef de cabinet du préfet de la Loire.
7 octobre 1921 : Secrétaire général de la préfecture du Gers (sous-préfet de 3° classe).
1° juin 1922 : Sous-préfet d’Arcis-sur-Aube (3° classe).
14 juin 1924 – 10 avril 1925 : Chef-adjoint de cabinet d’Édouard Herriot, Président du Conseil et ministre des Affaires Étrangères.
Et voici encore une énigme : Comment Édouard Herriot, 52 ans, député, maire de Lyon, ancien ministre et président du Parti Radical, a-t-il recruté un sous-préfet débutant, 34 ans, s’étant distingué pendant la guerre (Légion d’Honneur, Croix de Guerre avec 5 citations) ? Lors de réunions du Parti Radical ? Présenté ou recommandé par un ami commun ? Nous n’en savons rien.
En arrivant à l’Hôtel Matignon, Édouard Herriot et Émile Bollaert trouvent les armoires vides : Par haine politique, les membres du cabinet de l’éphémère gouvernement de Frédéric François-Marsal (Bloc National) ont emporté tous les dossiers.
En septembre 1924, Edouard Herriot s’efforce de relancer à la Société des Nations (SdN), à Genève, les mécanismes de la sécurité collective préalables à un désarmement général . Il propose une formule « arbitrage, sécurité, désarmement ». Sur ces principes, il est élaboré un « Protocole pour le règlement pacifique des différents internationaux » adopté le 2 octobre 1924 à l’unanimité par l’Assemblée Générale de la SdN. Mais la Grande-Bretagne refusera de ratifier ce texte.
En octobre 1924, la France reconnaît l’URSS.
En 1924, quand Edouard Herriot prend le train pour aller en Bretagne, la voie est sabotée par les séparatistes bretons.
A l’occasion de l’approbation des deux lois du 1° juin 1924 sur la législation applicable en Alsace -Lorraine, Herriot veut dénoncer l’application du Concordat de 1801 dans ces deux régions. Il est désavoué, d’abord par le Parlement, puis par le Conseil d’État dans son arrêt du 24 janvier 1925.

Édouard Herriot
Édouard Herriot


8 septembre 1924
: Sous-préfet de Carpentras (2° classe), non installé.
Cette nomination, purement fictive car non suivie d’une prise de fonction, d’une « installation » suivant le jargon administratif, a pour unique but un changement d’échelon.
24 avril 1925 – 20 juillet 1926 : Chef de cabinet d’Édouard Herriot, président de la Chambre des Députés.
En 1926, la valeur du franc s’effondre. Le 23 juin 1926, Herriot s’oppose aux projets de décrets-lois, présentés par le ministre des Finances Joseph Caillaux pour résoudre la crise financière, qu’il juge attentatoires aux prérogatives du Parlement. Cette protestation entraînera le 19 juillet 1926 la chute du gouvernement Aristide Briand.
20 mai 1926 : Contrôleur général au ministère des régions libérées ; un avancement dans son administration d’origine, dont il est détaché.
20 juin 1926 : Sous-préfet de Brest (1° classe), non installé.
20 juillet 1926 – 23 juillet 1926 : Chef de cabinet d’Édouard Herriot, redevenu Président du Conseil et ministre des Affaires Étrangères.
23 juillet 1926 – 11 novembre 1928 : Chef de cabinet d’Édouard Herriot, ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts (gouvernement Raymond Poincaré).

Émile Bollaert chef de cabinet d’Édouard Herriot


Édouard Herriot instaure l’unification des programmes de l’enseignement secondaire et de l’enseignement primaire supérieur, créant « L’École Unique », ce qui entraînera la gratuité de l’enseignement secondaire.

Édouard Herriot reçoit un jour une lettre d’une association de Gens de Lettres demandant si le ministre voulait bien honorer de sa présence la cérémonie d’inauguration d’un buste à la mémoire de ce grand philosophe qu’avait été Hégésippe Simon. Émile Bollaert répond, de manière quasi-automatique, que le ministre est flatté de cette invitation, mais que ses multiples occupations le contraignent à la décliner. Quelques jours plus tard, Émile Bollaert, pris d’un doute, procède à une vérification et constate qu’il s’agit d’un canular, le grand homme n’ayant jamais existé. Le ridicule a été évité !

Édouard Herriot ne se dit pas athée, mais libre penseur. Et c’est un farouche défenseur de la séparation de l’Église et de l’État. Émile Bollaert partage ses idées, du moins dans la première partie de sa vie, jusqu’à sa déportation. Il se passe toutefois le 21 octobre 1927 un fait très curieux : Herriot devient le parrain du troisième enfant d’Émile Bollaert. C’est doublement surprenant : pourquoi Émile Bollaert le lui demande et pourquoi Édouard Herriot l’accepte-t-il ? C’est pourtant indéniable : On peut voir la signature d’Herriot sur le registre paroissial de l’église Sainte-Clotilde à Paris, à deux pas du Ministère de l’Instruction Publique, 110 rue de Grenelle.

9 février 1929 : Préfet de la Lozère (3° classe), non installé.
11 mars 1929 : Préfet de la Haute-Marne (3° classe).
6 janvier 1931 : Préfet des Vosges (2° classe).
Il reçoit l’avant-dernier Shah d’Iran, Reza Shah, qui vient périodiquement « prendre les eaux » à Contrexéville.

Emile Bollaert, préfet des Vosges              Emile Bollaert, préfet des Vosges

4 juin 1932 – 12 décembre 1932 : Directeur de cabinet d’Édouard Herriot, Président du Conseil et ministre des Affaires Étrangères.
En décembre 1932, Herriot refuse de subordonner le paiement des dettes de guerre de la France aux États-Unis au paiement des « réparations » exigées de l’Allemagne.

Emile Bollaert, Directeur de Cabinet d'Edouard Herriot

13 octobre 1932 : Préfet de Maine et Loire (1° classe), non installé.
13 décembre 1932 : Directeur général des Beaux-Arts.
Albert Lebrun est Président de la République, Édouard Herriot Président du Conseil, Anatole de Monzie ministre de l’Éducation Nationale.
Son domaine d’activité comprend : la Peinture, la Sculpture, l’Architecture et la Musique.
C’est presque le ministère de la Culture que De Gaulle créera en 1959, mais sans la Littérature et le Cinéma.
Dans ce domaine, il peut prendre quantité d’initiatives, encourager moralement ou financièrement les initiatives prises par des associations ou des collectivités locales.
Il organise la restauration du Palais-Royal (en débarrassant la galerie d’Orléans de ses vitres et de son toit), du centre de la ville de Sarlat (Dordogne), de la cité médiévale de Pérouges (Ain).
On comprend qu’il se soit épanoui dans cette fonction et en ait toujours gardé un souvenir ému.
Il se lie d’amitié avec de nombreux artistes : architectes, peintres, musiciens (compositeurs, solistes, chefs d’orchestre) et avec Jacques Rouché, directeur de l’Opéra de Paris de septembre 1914 à janvier 1945, successeur d’André Messager.
Mais ce poste a des côtés cocasses : Émile Bollaert a dû repousser les demandes réitérées d’un homme influent qui voulait installer une maison close sur le Mont-Saint-Michel.

Emile Bollaert, Directeur Général des Beaux-Arts

4 février 1934 – 25 septembre 1940 : Préfet du Rhône (hors classe).
Évidemment, Édouard Herriot, maire de Lyon, n’est pas étranger à cette nomination. Avant de rejoindre son poste, Émile Bollaert observe, depuis le Palais Bourbon aux côtés d’Édouard Herriot, l’émeute fasciste du 6 février 1934 (déclenchée par le scandale Stavisky) qui heureusement est un échec.
A pour directeur de cabinet Jean Quilichini, pour chef de cabinet Jean Taulelle. Propose, sans succès, le poste de secrétaire général de la préfecture du Rhône à un certain Jean Moulin qui fut en 1925, à 26 ans, le plus jeune sous-préfet de France.

Devant la préfecture de Lyon, son bicorne à la main


Pour accélérer le traitement du courrier, chaque lettre parvenant à la préfecture est systématiquement photocopiée. Or la photocopie est une technique récente fort peu utilisée à l’époque.
Il coordonne le développement de l’agglomération lyonnaise, notamment par la création du boulevard de ceinture (devenu boulevard Laurent Bonnevay), du pont Raymond-Poincaré et du parc de Parilly, par l’aménagement du quai de la rive droite de la Saône, par la construction de 1000 logements sociaux et du sanatorium des Petites Roches. Il met en valeur les vieilles maisons du quartier de la cathédrale Saint-Jean. Il veille à ce que les détenus de la vétuste prison Saint-Paul de Lyon soient logés et traités dans des conditions décentes et humaines.
Il aborde volontiers ces sujets avec ses amis : l’architecte Paul Bellemain, l’avocat M° Marcel Dolard, le docteur Jean Lacassagne, médecin de la prison. Il s’intéresse au sort des personnes âgées, comme sa cousine éloignée la vieille demoiselle Jeanne Théliez, peintre, dont le petit capital s’amenuise chaque année.
Il travaille en parfaite coopération avec le maire de Lyon. Il y a entre ces deux hommes une connivence qui confine à la complicité. Herriot disait : « Dans la Cité, le Préfet inquiète, le Maire rassure ».
En octobre 1935, Édouard Herriot et Émile Bollaert font venir à l’Opéra de Lyon le chef d’orchestre André Cluytens, précédemment chef d’orchestre à l’Opéra de Toulouse.

3 mai 1936 : la gauche gagne les élections législatives.
11 et 13 mai : des grèves éclatent au Havre et à Toulouse, puis s’étendent dans tout le pays, dans la plupart des industries.
Fin mai-début juin : Chaque samedi après-midi, un grand nombre de manifestants défilent autour de la préfecture du Rhône, en scandant le slogan « Le-pré-fet, au-po-teau ». Il n’est procédé à aucune interpellation et les manifestants se dispersent calmement.
4 juin 1936 : gouvernement Léon Blum.
5 juin à 12h30 : Programme du Front Populaire annoncé à la radio par Léon Blum.
5 juin : Télégramme aux préfets : « Le gouvernement compte sur votre intervention personnelle pour faciliter les conversations entre patrons et ouvriers, et pour éviter par vos interventions la prolongation d’une situation qui doit être réglée légalement. » 
7-8 juin : Accords signés dans la nuit à la Présidence du Conseil (Hôtel de Matignon), entre la Confédération Générale de la Production Française (C.G.P.F.), la Confédération Générale du Travail (C.G.T.), et l’État. Mais les grèves continuent et s’amplifient. Les grèves démarrent dans le département de la Gironde qui, jusqu’ici, était le seul département passif. Dans le département du Rhône, les grèves persistent totalement dans le Bâtiment, les Produits chimiques, la Confection, la Teinturerie, la Tannerie, les usines Berliet à Venissieux.
10 juin : Un accord régional est signé dans le cabinet du préfet Bollaert, entre l’Union départementale des syndicats du Rhône et les représentants du Patronat de Lyon. Cet accord régional, faisant suite aux instructions gouvernementales du 5 juin, n’apporte rien au compromis du 7 juin, qui était resté lettre morte dans le département du Rhône, comme dans presque toute la France. Cet accord régional est seulement la confirmation du compromis national et traduit l’engagement des deux parties de se conformer en tous points à la convention nationale C.G.T.-C.G.P.F. Cet accord régional est un échec, puisque, deux jours plus tard soit le 12 juin, les grévistes lyonnais passent de 7.000 à 12.000.
16 juin : La Chambre syndicale du Bâtiment (patronat) fait observer que les accords Matignon ne s’appliquent pas au Bâtiment lyonnais, d’où une rupture des négociations sur les salaires et un vote du bureau CGT pour la grève générale. Une tentative de conciliation du préfet ayant échoué, Léon Blum reçoit les délégations venues à Paris et invite le représentant du patronat à rencontrer les dirigeants nationaux CGT. Cette rencontre tourne très mal, car elle se termine par une prise d’otage. Le représentant patronal accepte alors l’arbitrage du préfet qui parvient enfin à une solution.
20 et 21 juin : Vote des lois instaurant les conventions collectives, la semaine de 40 heures, et 15 jours de congés payés.

Été 1937 : Il va en Autriche conduire sa fille aînée Paulette pour un séjour linguistique à Klagenfurt, sur le lac Wörthersee. Paulette est accueillie par une famille qui comprend deux enfants : Un fils aîné, Fritz, et une fille, Gertrud, qui a le même âge que Paulette, 17 ans. Fritz est déjà un fervent admirateur d’Hitler.
Plus tard en 1943, dans le Paris occupé, Paulette est abordée dans le métro par un officier allemand, qui n’est autre que Fritz ! Il s’exprime très librement : Il commence à s’interroger sur l’objectif et la survie du régime hitlérien. Paulette ne cherche pas à prolonger l’entretien, d’autant plus qu’elle transporte dans sa petite valise des fausses pièces d’identité.

Septembre 1939 : Lors de la mobilisation, Émile Bollaert demande à partir comme chef de bataillon du 93° Bataillon de Chasseurs Alpins, mais le ministre de l’Intérieur le maintient dans ses fonctions de préfet du Rhône.
Octobre 1939 : Dans un discours au Conseil Général, il s’élève ouvertement contre notre attitude à Munich et ne s’étonne pas du pacte germano-soviétique du 23 août 1939.
17 juin 1940 : L’armée française avait prévu, lorsque l’armée allemande s’approcherait de Lyon, de faire sauter les 31 ponts de l’agglomération lyonnaise. Ce qui aurait privé toute la ville d’eau, de gaz et d’électricité pour une durée indéterminée. Édouard Herriot, maire de Lyon, et Émile Bollaert demandent de retarder la mise à feu. Le 18 juin, Edouard Herriot est à Bordeaux avec le gouvernement Paul Reynaud en déroute. Avec son chef de cabinet Friol, à 1h00 du matin, il cherche en vain de joindre le général d’armée Louis Colson, nouveau ministre de la Guerre depuis vingt-quatre heures. Ils ne trouvent également aucun responsable à la Présidence du Conseil. Après de nombreux appels téléphoniques, Paul Baudoin, ministre des Affaires Étrangères, leur indique l’adresse du maréchal Pétain. Ils s’y rendent à 3h00 du matin. Réveillé, le maréchal les reçoit, couché dans son lit, en présence du général de division Henri Bineau, chef du cabinet militaire, et prend la décision, tant attendue, de déclarer Lyon ville ouverte. Le général Bineau transmet cette décision au général de division Jules Hartung, gouverneur de Lyon. De son côté, Édouard Herriot réussit, non sans difficultés, à envoyer à Émile Bollaert un télégramme chiffré. Mais cette décision n’est pas diffusée ou acceptée partout : En particulier, l’Armée des Alpes commandée par le général d’armée René Olry proteste. Il faut de nombreux échanges téléphoniques entre Lyon et Bordeaux, et l’intervention du général d’armée Maxime Weygand, Commandant en Chef de l’Armée française, pour que cette décision soit appliquée par l’ensemble des troupes françaises. La ville est sauvée du désastre.
Du 19 au 21 juin 1940, à Chasselay, Rhône, le 25° régiment de Tirailleurs Sénégalais (en fait, sénégalais et maliens) retarde la progression des troupes allemandes. Certains historiens supposent que ce régiment ignore que Lyon a été déclaré ville ouverte le 18 juin; mais cette déclaration ne modifie nullement les ordres donnés aux forces françaises de la vallée de la Saône. En raison de leur importante supériorité numérique, les Allemands battent les Sénégalais. Ces derniers, faits prisonniers, sont abattus à coups de mitrailleuses ou écrasés par des chars. La hargne des Allemands s’explique par le fait qu’ils ont été surpris d’être ralentis, et ceci par des Noirs.
Dès que les troupes allemandes évacuent la ville de Lyon le 6 juillet, Émile Bollaert demande à M.Jean Marchiani, secrétaire général de l’Office Départemental des mutilés, anciens combattants et victimes de guerre de rassembler les dépouilles des tirailleurs sénégalais dans une nécropole décente. Dès le 29 juillet, M. Marchiani entreprend une « tournée de prospection », achète, sur ses deniers, un terrain à Chasselay et fait construire un monument funéraire, appelé Tata (cimetière militaire en ouolof) et inauguré le 8 novembre 1942, trois jours avant la ré-occupation de la France du sud par les Allemands. Le gouvernement de Vichy, qui freine cette construction, la tolère néanmoins, malgré l’opposition de la Wehrmacht. Mais Pétain se prétend le chef de la France et de son empire colonial.
Avant l’arrivée des troupes allemandes à Lyon, et en plein accord avec M. Georges Cohendy, premier adjoint au maire de Lyon et faisant office de maire en l’absence de celui-ci, il prend de nombreuses dispositions : Les enfants des écoles sont envoyés à la campagne, les stocks d’alimentation sont dispersés, on ouvre les robinets des cuves d’hydrocarbures à Collonges-au-Mont-d’Or (ce qui pollua le sous-sol pendant des décennies), on met le feu aux cuves d’hydrocarbures de Port-Rambaud sur la presqu’île, les affiches patriotiques sont arrachées, les documents sensibles sont brûlés. Les chômeurs occasionnels, résultant de la fermeture de nombreuses usines, sont employés par la mairie pour les tâches urgentes. Des vêtements de clochards sont distribués aux hommes d’une compagnie de Légion Étrangère qui s’étaient laissés enfermer dans la ville, afin de leur éviter d’être faits prisonniers.
Il demande à la population de rester calme.

Ce courage et ce calme ne sont pas le lot de tous : Le préfet de Saône-et-Loire M. Hyacinthe Tomasini lui téléphone : « Je m’en vais, prenez les rênes de mon département. »
A l’arrivée des troupes allemandes dans la ville, leur général demande à Émile Bollaert d’enlever le drapeau qui flotte sur le toit de la préfecture. Émile Bollaert lui répond : « C’est votre affaire. Faites-le vous-même ! »
Les Allemands le prennent en otage, ainsi que M. Cohendy, le cardinal Pierre Gerlier, M. Paul Charbin président de la chambre de commerce, M. Vicaire secrétaire du cartel des anciens combattants et M. Marius Vivier-Merle secrétaire de l’union départementale des syndicats confédérés du Rhône.
Mgr Gerlier demande de se rendre à l’évêché pour régler une affaire urgente et promet de revenir à la préfecture. Le colonel allemand, plein de morgue, met en doute la promesse de Mgr Gerlier, et celui-ci répond ; « La parole d’un cardinal vaut bien la parole d’un officier allemand. » Le ton du colonel allemand s’est aussitôt adouci.
6 juillet 1940 : les Allemands évacuent la ville, sans trop de conséquences dramatiques pour la population civile. Dès le lendemain, Émile Bollaert remet le même drapeau sur le toit de la préfecture en présence du maire Édouard Herriot et des cinq autres otages.

Herriot et les six otages, dont Emile Bollaert, saluent le retour du drapeau français sur la préfecture
Herriot et les six otages saluent le retour du drapeau français sur la préfecture


Puis, la ville reprend vie : Les grands et petits négoces, les banques, les cafés et restaurants rouvrent. Mais les produits alimentaires sont rares ; Il en part des trains entiers vers l’Allemagne. Les cinémas jouent en matinée pour les Français et en soirée pour les soldats allemands. La circulation est interdite après 21h00 sans une autorisation signée à la fois par la préfecture et la Kommandantur. La presse continue de paraître, mais l’absence de téléphone rend difficile le recueil des informations. Émile Bollaert dit à Henri Amoretti, directeur du journal Le Progrès : « Je vous demande de continuer à paraître. Vous me rendrez un grand service. Grâce à vous, je pourrai garder la liaison avec la population lyonnaise. »
Juillet 1940 :
Le Parlement étant convoqué à Vichy le 10 juillet 1940 pour voter les pleins pouvoirs à Pétain, il s’emploie à favoriser le transport de tous les parlementaires du Rhône qu’il sait en majorité hostiles aux projets de Pétain. Il les met lui-même dans l’autocar et les quitte en criant « Vive la République ».
25 septembre 1940 : Relevé de ses fonctions pour avoir refusé de prêter serment au maréchal Pétain.
Il lui est reproché, entre autres, d’avoir commenté devant des élèves d’école primaire « La dernière classe » d’Alphonse Daudet.
Le conseil général du Rhône l’autorise à séjourner dans la villa préfectorale Rhodania à Bron, jusqu’à ce qu’il obtienne, pour lui et sa famille, l’autorisation de franchir la ligne de démarcation pour regagner son domicile parisien, en zone occupée.
14 février 1941 : Mis à la retraite à compter du 25 septembre 1940.

 

(mis à jour en avril 2024)
-> Chapitre 5 : Dans la Résistance