Chapitre 2 : Parents, enfance et études

Émile Georges Hector Bollaert
Émile Georges Hector Bollaert

Mon grand-père, Émile Georges Hector Bollaert est né à Lardy (Essonne) le 26 avril 1862.
Élève de l’école Niedermeyer à Paris (près de la place Pigalle), où son père est professeur de chant. Devient condisciple et ami du compositeur et chef d’orchestre André Messager.
De 1881 à 1886, sur les conseils de son grand-oncle le vice-amiral Georges Cloué, ministre de la Marine et des Colonies, il s’engage dans la Marine Nationale et est affecté à la Musique des Équipages de la Flotte (cor et trombone alto). Après une année en garnison à Brest et Toulon, il embarque début juin 1883 sur le tout nouveau cuirassé « Bayard » (un navire de 81 m de long, déplaçant 17.000 tonnes, mu à voiles et à vapeur, dont la coque en bois est protégée par un blindage latéral de 180 à 250 mm d’épaisseur) sous les ordres du vice-amiral Amédée Courbet.

Le cuirasse Bayard... a voiles et a vapeur
Le cuirassé Bayard… à voiles et à vapeur

A titre de comparaison, le cuirassé Richelieu, construit en 1939, déplaçait 35.000 tonnes, et avait un blindage d’épaisseur maximale de 327 mm.
Il participe ainsi à la conquête du Tonkin, à la bataille navale de Shipu (près de Shanghai) et à la campagne des îles Pescadores (près de Formose).
Le 28 avril 1886, il épouse à Dunkerque Marie Léonie Victorine Bollaert, sa cousine issue de germains, fille d’un courtier de transports par eau, née à Dunkerque le 23 octobre 1857.
Dès 1886, professeur de piano et d’orgue à Dunkerque et organiste de l’église Saint-Eloi.
En 1914, réfugié à Paris, boulevard Richard-Lenoir, organiste de l’église Saint-Ambroise.
En 1919, il retourne à Dunkerque.
Il n’était pas dénué d’humour. Il disait : « Il est difficile d’être soi-même. Quand j’étais jeune, j’étais le fils de mon père. Maintenant, je suis le père de mon fils. »
Il décède à Lille le 21 janvier 1945.
Son épouse, ma grand-mère Marie Bollaert, décède à Lille le 4 novembre 1950.

Émile Édouard Bollaert
Émile Édouard Bollaert

Mon père Émile Édouard Bollaert est né le 13 novembre 1890 à Dunkerque (Nord).
1895 – 1896 : Sa mère lui apprend le solfège et le piano en même temps que l’alphabet.
1897 – 1904 : Études primaires et secondaires à l’Institution Notre Dame des Dunes à Dunkerque.
Dans la région Nord, à cette époque et pendant tout le XX° siècle, c’était une coutume assez répandue d’abréger le prénom en une ou deux syllabes, la dernière ayant O comme voyelle (Geo, Edo, Léo, Ludo, Mado, Nado, Théo). C’est ainsi que tous les parents d’Émile Bollaert, et plus tard sa fiancée puis son épouse, appelaient Émile Bollaert par son surnom : Milo.
1904 – 1905 : Inscrit au Conservatoire national de musique de Paris, comme auditeur libre dans la classe d’harmonie d’Émile Pessard, le parrain de son père.
1905 – 1906 : Études secondaires au lycée Faidherbe de Lille.
1906 – 1907 : Études secondaires au lycée Louis-le-Grand de Paris.
1907 – 1911 : Poursuit ses études de piano, de contrepoint et de composition au Conservatoire de Paris.
Parallèlement, il fait des études de droit et obtient la licence en droit en juillet 1911. Et ceci est la première énigme de la jeunesse d’Émile Bollaert : pourquoi des études de droit alors qu’il n’ y a aucun juriste dans sa famille, ni parmi les amis de ses parents ? Qu’il est destiné à une carrière musicale, qu’il a fait ses études musicales avec plaisir, sans aucune contrainte ? Doute-t-il de sa vocation ? Ou bien considère-t-il qu’une carrière musicale ne donne pas la certitude de faire bouillir la marmite, alors qu’il songe peut-être à fonder un foyer ? Ou bien craint-il que ce dernier argument ne lui soit opposé par un riche filateur roubaisien dont la plus jeune de ses filles ne le laisse pas indifférent ? Dans tous les cas, ces études de droit ressemblent fort à la souscription d’une assurance sur l’avenir.
A Paris, il habite avec son frère Jean, son cadet de 3 ans, des chambres d’étudiants dans la rue Gay-Lussac du 5° arrondissement.
Ses meilleurs amis sont Frantz Calot (qui deviendra plus tard conservateur en chef de la Bibliothèque de l’Arsenal) et son cousin Ernest Bollaert, élève de l’École Centrale de 1906 à 1909.
Pendant les vacances scolaires, quand il séjourne chez ses parents à Dunkerque, il rend service à son père qui, parfois, a accepté de jouer de l’orgue le même jour et à la même heure dans deux églises différentes, l’une pour un mariage et l’autre pour un enterrement. Et c’est toujours lui qui allait au mariage, car son père disait : « Dans un mariage, les gens n’écoutent pas la musique, ils regardent les toilettes des dames. Dans un enterrement, les gens s’ennuient, alors ils écoutent la musique. »

(mis à jour en janvier 2022)
-> Chapitre 3 : Sept ans sous les drapeaux